dimanche 25 novembre 2007

Chapitre 12

La réunion avait pris une bonne partie de la journée et m’avait épuisé. Les derniers propos de la présidente tournaient sans cesse dans ma tête et j’avais beau les tourner en tout sens, il me manquait certaines informations pour comprendre et elle avait refusé de m’en dire plus. Je repassai dans mon bureau avec la ferme intention de préparer mes tâches pour le lendemain et de rentrer chez moi. Pour aujourd’hui, c’était suffisant. Je trouvai un message de Myke disant juste ne m’oublies pas. Je l’avais vu la veille, il avait réitéré son invitation au centre de recherche plus mystérieux que jamais mais avait refusé de me dire de quoi il s’agissait exactement se contentant de me dire qu’on serait bientôt maître de l’univers entier.

Formidable, ça me fait une belle jambe. Cela dit, c’est mon ami et si c’est important pour lui, je devrais me résigner à passer le voir. Et, pourquoi pas ce soir. Souvent, il travaille tard.

Je croisais Sérénit en sortant du bâtiment tandis qu’il entrait d’un air nonchalant. J’aurai aimé lui sortir les restes de son mouchard et lui coller entre les deux yeux mais je me contentai de le saluer courtoisement selon les instructions de la présidente. Son visage s’illumina dès qu’il me vit et me serra la main avec tant d’enthousiasme que c’est à peine s’il ne m’avait pas embrassé. Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’excuse ou qu’il ait l’air confus. A la rigueur, je l’imaginais désolé que son plan d’espionnage à trois sous n’ait pas marché mais sûrement pas à une telle jovialité.

Syhï Silicium, justement, je désirais vous voir. Allons dans votre bureau voulez-vous.

Vous avez des pistes pour retrouver nos disparus ?

Il se décida à me lâcher. Je crois que mon ton glacial l’a surpris.

Non se contenta-t-il de dire.

Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi j’aurai un entretien avec vous. Comme vous pouvez voir, je m’apprêtai à sortir.

Je comprends dit-il

Mais ma secrétaire est toujours là, prenez rendez-vous, je crois même qu’il me reste des créneaux disponibles dans deux ou trois mois.

Je vous verrais tout à l’heure, je préfère.

C’est ça oui dis-je en reprenant mon chemin. Il pouvait toujours m’attendre, je n’avais pas l’intention de venir travailler ce soir.

Je préférai rentrer chez moi. Je trouvai un mot de ma femme disant qu’elle passait la soirée chez une amie. Je me changeai, me douchai et appelai Myke directement au centre de recherche. Mon appel lui faisait plaisir. Tant mieux. Je lui proposais de passer le voir ce qui l’enthousiasma au plus haut point..

Il comptait partir tôt mais sachant ma visite, il était prêt à m’attendre jusqu’au bout de la nuit. Au moins ça me changerait de mon idée fixe : comment le dragon avait-il pu traverser l’océan. J’avais vérifié le tonnage de tous les bateaux. A part un porte avion qui se trouvait à l’autre bout du monde aucun vaisseau n’était de taille suffisante pour accueillir un tel monstre.

Je me dépêchai donc d’aller au centre de recherche. Ma curiosité était éveillée mais surtout, je ne voulais pas le faire attendre. Je me dirigeai directement à son bureau ou il devait m’attendre. J’avais les codes d’entrées et en tant que chef de la sécurité, j’ai un passe. Son bureau était vide. Je me rabattis sur la secrétaire. Le Syhy Myke est à l’entrepôt 342. Voulez-vous que je vous y conduise ?

Sans doute, je l’ai prévenu de mon arrivée.

Il fait visiter nos installations au légat Sérénit.

Sérénit ? Répétai-je. Qu’est ce qu’il fait là celui-là ?

La secrétaire prit l’air confuse. Il nous a dit qu’il venait de votre part.

Et vous l’avez cru ?

A vrai dire, je ne sais plus. Oui, sans doute. En tout cas, Myke était enthousiasme à l’idée de le faire visiter.

Ca m’étonnerait, Mike ne le supporte pas. Ma femme n’avait peut-être pas tort sur tout. Sérénit est un insupportable mêle tout. Je commence à me demander si ce n’est pas à moi qu’il en veut. Je veux bien croire au hasard mais qu’il se retrouve ici en même temps que moi, c’est un peu fort. Myke avait laissé un message à mon bureau me demandant de venir. Il va falloir que je fouille mon bureau à la recherche d’un micro. Myke non plus n’a pas tort en disant qu’il serait bon de se montrer moins clément et qu’une fois une ou deux de leur cité ravagée par quelques missiles, ils la ramèneraient moins. Je repensais encore aux mises en garde de la présidente. Si le risque existait, je devais être mie au courant. Je repensais aux pilotes obligés d'attérir. Je demanderais un rendez-vous avec les deux présidents. Si des armes offensives non répertoriées existaient dans le sud, je devais être au courant. C’est en ruminant ses conclusions que j’arrivais à la suite de l’assistante de Myke dans l’hangar principal. Le dernier prototype de Myke semblait étinceler sous les projecteurs. Un avion suborbitale mais d’une taille extravagante. On pouvait au moins caser 5000 personnes dans cet engin. C’est démesuré.

Myke était là. Son enthousiasme transparaissait dans ses gestes. Il brassait tant d’air avec les bras qu’on l’imaginerait s’envoler avec son avion. A ses coté, Sérénit beaucoup plus pondéré se contentait de hocher la tête de temps en temps mais au fur et à mesure que je m’approchais, je discernais son sourire victorieux qui s’agrandit encore quand il m’aperçut. Myke me fit signe d’approcher et me donna une vigoureuse accolade. Sérénit me tendit la main discrètement mais son sourire disparut en même temps.

Enfin Syliss, je désespérais de te voir. Que penses-tu de mon bébé dit-il en désignant du bras l’immense vaisseau.

Magnifique mais inutile. Nous n’en avons pas besoin. Pour aller ou ? Au désert des sable ou se geler dans le nord, on ne remplit déjà pas nos avions qui sont dix fois plus petit. Personne n’achètera un monstre pareil.

Le légat du sud vient de me faire une offre dit-il désignant Sérénit.

Je me tournais vers Sérénit toujours rayonnant mais c’est à Myke que je m’adressais.

Parce que tu imagines qu’il a les moyens ?

Vus seriez étonné Syhï Silicium dit ce dernier. Mais je ne parle pas en mon nom évidemment mais au nom de tous les territoires du sud.

Parce que votre peuple se lance dans le tourisme. C’est nouveau ça. Et pour aller où ? Personne ne vous supporte sur le continent.

Alors nous irons plus loin.

Qu’est ce que vous manigancez Sérénit ? Je me repris. Qu’est ce que les territoires du sud manigancent ?

Allons Sérénit, ne soyez pas si méfiant. Ce vaisseau est magnifique et on me ressasse à longueur de journée qu’on doit s’ouvrir au commerce. Quelle bonne opportunité.

Il me prenait pour un idiot ou quoi. Je savais pertinemment qu’il se fichait éperdument de ce vaisseau. Il était venu uniquement car d’une façon ou d’une autre, il savait éperdument que je viendrai ici et voulait me narguer.

Vous tentez d’espionner nos réunions. Comme si ça ne suffisait pas, vous vous insinuez dans ma vie privée jusque chez mes amis et ensuite vous osez parler d’ouverture sur le monde. Mais personne ne voudra la moindre chose de vous tant que vous ne changez pas de comportement.

Laissez-moi garder un avis plus réservé sur le sujet Silicium. Je vous parie que dans moins d’un an, nous aurons rassemblé la somme nécessaire pour ce joujou il se tourna vers Myke avec ses petites améliorations bien entendu.

Myke bafouilla quelques mots du genre de quelles améliorations …

Mais Sérénit avait franchi la porte sans se donner la peine de perdre du temps en au revoir. Au dernier moment il daigna tout de même se retourner. « La plate-forme pétrolière des terres du nord.

Quoi ?

C’est ce dont je voulais vous parler tout à l'heure. le seul point plus grand qu’un bateau entre votre ile et le continent »

Qu’est ce qu’il raconte demanda Mike une fois sérénité hors de vue

Je renonce à suivre toutes les élucubrations de ce dingue.

Par An et tous les dieux, Myke, qu’est ce qui te prend d’inviter cet espion déclaré dans des hangars militaires.

Myke avait l’air égaré. Je ne sais pas me dit-il. Il me l’a demandé je crois.

Je reculai saisi d’effroi. Qu’il avait l’air vieux soudain. A voir l’énergie qu’il dépensait sans compter, j’avais souvent l’impression qu’il avait mon age alors qu’il en avait plus du double. Jamais avant aujourd’hui je n’avais imaginé qu’il puisse perdre la tête ainsi. Le surmenage sans doute.

Il secoua la tête comme s’il cherchait à évacuer un mauvais rêve, se tourna vers moi, me regarda un instant incrédule puis reprit son sourire jovial. Syliss, ca me fait plaisir de te voir.

Ca fait un moment que je suis là. Je n’avais pas pu m’empêcher de le lui faire remarquer.

Oui, c’est vrai dit-il. Il me tira soudain par la manche et m’entraîna vers l’ascenseur son entrain retrouvé. Ca fait si longtemps que je veux te montrer ça dit-il en dirigeant l’ascenseur vers le troisième sous sol.

Me montrer quoi ?

Tu vas voir dit-il.

Il m’entraîna dans un couloir. Me présenta à l’équipe de sécurité afin qu’ils me laissent passer. Ces derniers sourirent, de la distraction de Myke. Il n’était nul besoin de me présenter. Même si je ne connaissais pas ses hommes, eux me connaissaient. Nous passâmes devant une série de laboratoires, nous descendîmes encore quelques marches. Je pus admirer la totale au niveau de la sécurité : emprunte rétinienne, digitale, scanner. Pour enfin entrer dans une sorte d’hangar souterrain qui ne payait pas de mine.

Fièrement, Myke me désigna un objet. Une sorte de moteur d’où sortait quelques fils. Le tout n’était pas grands. La taille d’une belle citrouille tout au plus.

Et alors dis-je à Myke.

Là, il me sortit tout un baratin technique incompréhensible.

De son discours, j’arrivai cependant à discerner deux choses. La première c’est qu’il comptait grâce à cela voyager dans l’espace beaucoup plus rapidement. Et quand je dis l’espace je craignais qu’il songeait à bien plus que la base orbitale.

Je levai les yeux au ciel. Il vivait dans ses rêves de gosses. La conquête de l’espace avait eu son heure de gloire mais les budgets actuels ne cautionnaient plus ses excursions sans retour ni bénéfices d’aucune sorte. Je le lui fis remarquer avec le plus de douceur possible.

Tu ne comprends pas me dit-il. Avec ça, il ne s’agira plus de voyage sans retour. Si mes hypothèses se vérifient, il ne faudrait plus trente ans pour atteindre la lointaine colonie de la planète conquête mais trois mois tout au plus.

Je me demandai s’il plaisantait ou non.

Tu n’as rien écouté de ce que je t’ai dit soupira-t-il.

Si bien sur. Je n’ai sans doute pas tout compris. Si je comprends bien. Il s’agirait de plier l’espace ?

Oui. Comme un drap. Tu prends les deux coins d’un drap et tu les poses l’un sur l’autre. Ils étaient très éloignés, ils viennent se superposer. Ce serait le même concept pour l’espace.

Je renonçai à comprendre.

Et c’est cette technologie que le légat veut acheter ?

Ma foi, s’il voulait s’expatrier hors planète, ce ne serait pas une bête idée. Il ne me manquerait pas.

Non dit Myke. Bien sur que non, je ne lui ai pas parlé de ça, c’est top secret. Ce n’est que l’avion qui l’intéresse. Allons Syliss, je crois que tu ne te rends pas compte de la portée de cette découverte. C’est une véritable révolution. Une victoire sur l’espace. Plus rien ne nous arrêtera.

Je le laissai parler mais tentai tout de même de prendre un air réellement intéressé. C’était mon ami, je ne voulais pas le décevoir. La réalité le rattraperait bien assez vite quand il demanderait des subventions pour son projet. Je me dirigeais doucement vers la porte et constatai avec soulagement qu’il me suivait et fermai la porte derrière nous.

Attends me dit-il tandis que je reprenais le couloir.

Un problème avec la porte maugréa-t-il en ouvrant à nouveau. Sans doute quelque chose bloque-t-il la fermeture magnétique. La moindre poussière la coince. Il faut faire réparer ça dit-il en glissant sa main sous la porte coulissante pour en ressortir avec un minuscule objet vert.

Qu’est-ce que c’est que ça dis-je en lui prenant l’objet des mains. On dirait un bijoux dit-il. Un petit serpent.

Non un dragon. Il a des pattes. Un piercing en forme de dragon, le symbole des territoires du sud. Je croyais que tu n’avais pas emmené Sérénit ici.

Non, bien sur que non, je ne l’ai pas emmené ici.

Alors comment expliques-tu ceci dis-je en brandissant la breloque en jade comme un trophée. J’avais déjà la réponse. Leur système d’espionnage était pire que tous ce que j’avais imaginé. Sérénit était déjà venu ici et vu les systèmes de sécurité. Imaginer que quelqu’un ait pu s’y introduire faisait froid dans le dos.

Sans doute ce bijou appartient-il à un employé du centre de recherche répondit Myke.

Sa naïveté faisait peine à voir. C’est du jade. Nous n’avons pas ce type de pierre sur l’ile et ils gardent les leurs aussi jalousement qu’un dragon ses œufs. Mauvaise image, justement, les dragons se fichent éperdument de leurs œufs. C’est même ainsi que nous avons pu nous en débarrasser en les détruisant dans l’œuf. Mon lapsus avait bien été perçu par Myke qui haussa les épaules. Tu travailles trop mon ami, tu finis par imaginer des complots partout. Tu es bien placé pour connaître la fiabilité de nos systèmes de sécurité.

Justement, c’est cela qui m’inquiète. Sérénit est de plus en plus envahissant. Je crains qu’ils préparent quelque chose. J’ai défendu les territoires du sud contre les rumeurs comme quoi ils étaient à l’origine des enlèvements, je commence à penser que la rumeur avait vu juste.

Voyons Syliss. Ca devient ridicule.

Non ca ne l’était pas. C’est toi qui me dis ça. Je croyais que tu étais prêt à entrer en guerre contre le sud. Et voila que je te retrouve en parfaite amitié avec le légat du Sud. Quel revirement ! Pourquoi était-il là au fait ?

Je reste sur mes positions, c’est un peuple trop fier qui aurait besoin d’une bonne raclée de temps en temps pour leur rappeler qui sont les plus fort. Ils font semblant de jouer dans la cours des grands mes ils ont un niveau technologique très bas et sans nous, ils ne seraient que des primitifs. C’est d’ailleurs pour cette raison que je peux te certifier que le légat n’est pas venu dans le laboratoire. Quant à sa présence ici ce soir, il voulait te voir.

Ha oui, et comment savait-il que j’étais ici.

Il parait que tu le lui as dit.

Je n’ai rien dit du tout mais il m’espionne.

Tu ne crois pas que tu pousses un peu là. Ce doit être ta secrétaire qui le lui a dit.

Je renonçai. Je n’allais pas passer la soirée à lui expliquer mes différents avec Sérénit. Je posai cependant une dernière question. Tu ne comptes pas sérieusement vendre ton vaisseau aux territoires du Sud.

Je ne pense pas qu’ils aient les moyens de l’acheter.

Mais s’ils les avaient ?

Alors, ce serait formidable. Je commence à douter sérieusement pouvoir le finir faute de substention. C’est un chef d’œuvre de technologie mais personne ne voit l’utilité d’un vaisseau d’une telle taille et c’est vrai que pour un déplacement planétaire, c’est peu utile. Si je peux faire affaire avec eux, tant mieux et puis tu dis toujours qu’ils ne commercent pas assez..

Pour ensuite qu’ils s’en servent contre nous ?

Myke se mit à rire. Contre nous comment ? Il ne s’agit pas d’un vaisseau de guerre. Il n’a aucune arme et il est trop lourd et pas assez maniable lors d’un conflit. Allez Syliss, ne joue pas leur jeu en les laissant te faire croire qu’ils sont autres choses que de petits parasites inoffensifs.

Je hochais la tête. Ce pouvait vouloir dire oui ou non. La présidente m’avait mis la puce à l’oreille en me disant qu’une guerre contre eux ne tournerait pas à mon avantage. Il fallait absolument que j’en sache plus. Je devais demander une audience dès demain. Si vraiment il y avait là plus que des suppositions fondées sur rien, je devais être mis au courant. Mais pour l’heure, ce qui m’importait, c’était de passer à d’autres sujets de conversation. J’avais suivi Myke dans son bureau et nous parlâmes de sujets plus reposants. J’évoquai mes soucis avec Ounis et son désintérêt pour tout. Myke me rassura en parlant de ses enfants qui, après une période difficile, avaient fait de bonnes études et de bons mariages. Il revint sur son prototype de propulseur spatial se prenant à rêver que si les territoires du sud étaient sérieux à travers la proposition de Sérénit, ils pourraient le tester pour lui. Après tout, s’ils se perdaient corps et bien dans l’espace, il pleurerait plus son vaisseau que ses hommes. Je préférai dévier la discussion sur la santé de son épouse et évoquait la dure journée qui m’attendait le lendemain pour prendre congé.

Tu es sur cette histoire de dragon ?

Ses yeux pétillaient comme ceux d’un gamin. Il prenait toujours soins d’éviter de me poser des questions sur mon travail. Il savait que je ne pouvais pas lui dévoiler grand-chose. Pour autant, sur ce sujet, il n’y avait rien à cacher. Il n’y avait rien tout court.

Oui, lui dis-je, outre les dégâts à gérer, impossible de comprendre comment cet animal a pu arriver sur l’île. Aucun vaisseau n’a la taille nécessaire pour le transporter.

D’où l’idée qu’il aurait fait halte sur la plate forme pétrolifère ?

La plate forme ? Qu’est ce que tu racontes ?

Ce n’est pas de ça que te parlait Sérénité avant de partir ?

Qu’est ce que ? Ha oui, peut-être. Mais non. S’il s’était posé sur la plate forme, il aurait tout saccagé, on en aurait eu vent.

Par qui ?

Bonne question. La plate forme était sous la direction des clans du continent et ils n’étaient pas toujours prêt à nous tenir informé préférant se débrouiller seul plutot que de faire appel aux parasites que nous sommes. Pourtant, cette plate forme gigantesques, c’est nous qui l’avons crée pour eux. Mais leur niveau de reconnaissance pour tout ce qu’on a pu leur apporter frise la température de leur beaux jours, je veux dire frise le zéro absolu. Pour autant, nous avions quelques espions dignes de confiance.

Je dis au revoir à Mike sur le seuil de son bureau. La soirée était bien avancée et le bâtiment s’était vidé. Ma seule envie était de rentrer chez moi mais j’ai une conscience professionnelle bien trop aiguisée, ça me perdra.

Je bifurquai vers le labo. Il restait une lumière dans le hall d’entrée. La porte vitrée était fermée. Je frappai et le garde de service leva la tête de son écran. Je plaquai ma carte contre la vitre. Il se décida à se lever de mauvaise grâce et s’approcher. Après avoir déchiffré ma carte, il releva le buste et ouvrit porte. Je ne le laissai pas parler et me dirigeai vers les écrans. Comme je le pensais. Il y avait là diverses vues des laboratoires ainsi qu’une série de fiction que je suis obligée de subir quotidiennement car mon fils a décrété qu’elle était géniale et qu’il ne pouvait en rater un épisode.

Le garde avait entamé ses excuses expliquant que les gardes de nuit étaient longues et que de toute façon personne ne pouvait s’introduire dans le bâtiment sans passer par la porte d’entrée et que s’il restait braqué sur la surveillance des labo, il s’endormirait.

Je ne dis rien. D’un coté, il n’avait pas le droit de se laisser distraire, d’un autre, il avait raison et à sa place, j’aurais fait pareil. On voit tous les labos ici ?

Non, uniquement ceux de cet étage.

Et celui du sous-sol ?

Celui du Syhy Myke. Il n’a pas d’écran évidement. Jamais le Syhy Myke n’accepterait que quiconque ait une vision de son labo.

Ca ne m’étonnait pas de Myke ça. Donc il n’y aucune surveillance de son labo. Si il y a une caméra mais les enregistrements ne sont pas visionnés. Ils ne sont là que en cas de problème.

Je souhaiterais avoir ses enregistrements.

Pourquoi ?

C’est vrai que ma demande était inhabituelle. Il était rare que je me serve de mes privilèges de chef de la sécurité mais cette fois, ce fut avec un certain plaisir que je dis : Parce que je vous le demande. C’est une raison suffisante.

Oui chef dit-il. Mais les enregistrements ne sont gardés qu’une semaine et…

Bien mettez moi la semaine et transférez-là par le réseau interne sécurisé.

Cela étant fait, afin de finir la journée de travail et de passer à autre chose, je laissai un message que mon assistante aurait la joie de trouver à son arrivée. Elle sera ravie que je lui demande de vérifier personnellement la présence de Sérénit. Ca n’entrait pas dans ses attributions mais je voulais rester discret. Vérifier ses bandes dans notre labo, cela voudrait dire une multitude de personne qui aurait accès à la vision du labo de Myke et il n’apprécierait pas. En plus je préférais garder mes suspicions sur Sérénit pour moi. Il y avait suffisamment de tension ainsi.

Quand je rentrai ma femme était déjà couchée et Dhaïs aussi. Mon fils ruminait dans le salon devant un cours interactif. Je savais pertinemment qu’il regardait une niaiserie et était passé sur ses devoirs dès qu’il avait entendu la porte d’entrée mais je préférai feindre de m’être fait avoir plutôt que de me disputer avec lui.

Ca va lui demandai-je. Question stupide, rien ne va jamais avec lui.

Il soupira. Je ne peux même pas aller voir mes copains.

Pour entendre ça, je préférai monter me coucher. Si ta mère t’a interdit de sortir c’est qu’elle avait ses raisons.

Je le laissai se plaindre comme quoi j’étais faible, que je ne savais rien de ce qu’il se passait sous mon toit, Toit qui était d’ailleurs très moche. Je n’entendis pas la suite, j’étais déjà monté. Ma femme dormait déjà. C’est vrai qu’on ne faisait guère que se croiser. Je me glissai dans le lit sans la réveiller. J’étais déçu, j’avais deux ou trois questions à lui poser. Bien sur, ça pouvait attendre le lendemain matin et je n’allais pas la réveiller pour si peu mais du coup, impossible de m’endormir. Je passai un bras autour de sa taille tendrement. Elle marmonna quelques mots dans son sommeil.

Désolé, je ne voulais pas te réveiller.

Elle grogna encore, se retourna prête à se rendormir.

Ma chérie, je me demandai, tu n’as pas eu de nouvelles de tes parents.

Au milieu d’une phrase totalement intelligible je perçu deux mots. Semaine et dernière.

Et ils ne t’auraient pas parlé d’un incident sur la plate forme pétrolière ?

Elle leva la tête.

Qu’est ce que tu me demandes au milieu de la nuit toi ?

Je me posais juste des questions, il ne t’a rien dit à ce sujet ?

Non, bien sur que non par contre il m’a dit que Gurta était enceinte de son quatrième.

Mauvais sujet ça, c’était un coup à dévier sur le fait que je n’étais pas chaud pour faire un troisième enfant alors que toutes ses cousines avaient au moins quatre enfants.

Elle laissa retomber sa tête. De toute façon la plate forme n’est jamais utilisée en cette saison.

Quoi ?

Mais qu’est ce que tu as ce soir ?

Pas utilisée pourquoi ?

Mais parce que les courants ne s’y prêtent pas

Pourquoi tu me poses toutes ses questions ?

Tu veux dire qu’elle est déserte ?

Sans doute pas, il doit y avoir une patrouille de surveillance et d’entretien. Mais quel intérêt ?

Non rien.

Tu me réveilles au milieu de la nuit, tu me fais subir un interrogatoire et ensuite tu oses me dire que ce n’est pour rien !

Evidemment, je ne pouvais espérer m’en tirer si facilement. J’aurais dû attendre la lendemain.

Aucun commentaire: