dimanche 25 novembre 2007

Chapitre 10

« Et les animaux ?

- Pardon ? Je suis fatigué, je ne sais plus ce que je disais. Sérénit est en face de moi. Il attend. Je reprends le fil de mes idées. Nous parlions des enlèvements. Je secoue la tête, j’ai du mal à me remettre les idées en place. « oui, je sais, ca n’a pas de sens. Une théorie fondée sur rien. De toute façon, nous n’avons rien. Nous l’avons suivi quelques temps afin de recenser les témoins ayant vu des bêtes quelqu’elles soient mais c’est vite devenu absurde. Bien sur, on peut toujours trouver une fourmi sur les lieux et ce n’est pas si peu qui nous fera avancer.

Pour une fois, le légat ne se moquait pas. Cette théorie absurde qui avait fait ricaner tout mon personnel, il la prenait en considération. Il n’est pas normal ce type.

« On ne parle pas de fourmi mais aussi d’aigle et de loup»

J’avais été flatté que le légat tienne compte de mes remarques, maintenant, je me méfiais. Il partait dans des lubies pires que les miennes.

« Non, il ne s’agit pas de témoignages fiables.

- Evidemment, si vous mettez toutes les informations qui ne satisfont pas votre esprit étriqué de coté, vous allez avancer. »

Savez-vous que de nombreuses civilisations associent les Dieux a des animaux ? Ainsi les peuples des sables les représentent avec un corps humain et une tête d’animal et dans nos annexes aussi il y a des Dieux tapir, des Dieux serpents. Nous prenons grand soins de laisser les peuples de nos terres annexées invoquer tout et n’importe quoi. Ca leur fait du bien. Mieux vaut qu’ils passent leurs temps à prier des tapirs plutot qu’à fomenter une révolte.

- Si vous avez des informations, de quelques ordres que se soit, vous allez me les donner et je ne veux plus d’élucubrations mystiques.

- D’accord. Il y a quelque chose qui s’approche et je crains que ces enlèvements ne soient que le prémices de quelque chose de bien plus important

- Quoi ?

- Je l’ignore. Sans doute quelques chose en rapport avec l’astre rouge.

- Nibiru ? J’avais dit plus de mysticisme.

- Je ne parle pas de mysticisme mais si ce truc approche trop près de nous, ca risque de faire des dégâts et cela n’importe quel physicien vous le dira.

- Nos physiciens le savent et ils sont aussi capables de s’en prémunir.

- Vous et toutes vos terres annexées ?

Je ne réponds pas. Bien sur que non. Je sais que ce truc fera des dégâts et qu’on ne pourra sauver tout le monde. « pourquoi ? Vous avez besoin d’un peu d’aide ?

- Nous merci, on se débrouille. Ce qui m’inquiète, ce sont les puissances incontrôlables que ce truc peut nous amener. Il y a déjà quelque chose ici. Quelque chose de mauvais et de puissant qui se joue de nous.

- Vous ne pourriez pas être plus clair ?

- Non.

- ho si, vous allez faire un effort.

Le légat se perdit dans un profond soupir.

Je vous ai dis que je pensais que les dieux existaient, enfin qu’il existait quelque chose de non humain et, il y a quelques jours, je pense avoir réussi à trouver une de ses créatures.

C’est cela oui. Au point où nous en sommes, vous pouvez me dire ou et quand ?

Lundi dernier dans une grotte surplombant les champs de Fayi.

Tiens, comme par hasard, là où se baladait le dragon. Et je suppose que vous étiez sur son dos et que de là, vous avez aperçu la triade divine vous faisant coucou.

Non dit-il agacé. J’étais à pied et je suivais le dragon.

Bien sur, et pourquoi suivre un monstre ?

Pour trouver celui qui l’appelait.

Qui appelait qui ?

Le dragon.

Parce que quelqu’un appelait le dragon ?

C’est évident.

Bien sur, de mieux en mieux. Donc, vous avez suivi tranquillement, avec vos petites jambes, un dragon volant à toute vitesse. Mais vous ne l’avez pas perdu de vue et êtes arrivé jusqu’à la clairière.

Ce n’est pas vraiment la bête que j’ai suivi mais l’appel qu’on lui lançait.

Parce que quelqu’un appelait ?

Evidemment , je vous l’ai dit.

Pardon, c’est vrai, j’avais oublié. C’est que, personne n’a entendu le moindre appel sauf vous et…

Vous allez me laisser finir Syliss !

Excusez moi légat lui dis-je me redressant et lui faisant un léger salut. C’est vrai qu’au milieu de toutes ses élucubrations, j’avais oublié que je m’adressais à un supérieur et que je lui devais au moins un semblant de respect même s’il ne le méritait pas.

Donc, vous suiviez un mystérieux appel inaudible qui vous a conduit jusqu’à la clairière et là, qu’avez-vous vu ?

J’ai vu Ninhoursha.

Pardon ? Si j’avais fait passer l’info concernant le semblant de temple trouvé là bas, je n’aurais pas été surpris mais ce détail, je ne l’avais pas divulgué. Je trouvais que les esprits s’échauffaient suffisamment sans que j’en rajoute avec un détail inutile.

Donc, vous vous êtes retrouvé dans un champ avec un dragon et une femme qui s’est présenté comme etant la déesse Ninhoursha.

Non, bien sur. Je suis arrivé à la clairière et me suis tassé dans les buissons en contrebas. Il y avait une fille à l’entrée de la grotte et le dragon était couché devant elle. Elle lui disait de rejoindre la cité.

Parce que du bas de la colline vous entendiez ce qu’elle disait.

Oui, a travers le dragon.

Légat, je ne comprends rien, reprenez. De quelle ville parle-t-on ?

Je ne sais pas de quoi elle parlait mais j’ai vu cette ville comme si je l’avais devant moi. Une cité blanche perdue dans la jungle et j’ai vu Désir, la petite qui a disparu. Elle m’a vu aussi puis le dragon a coupé le contact. Il a du repérer ma présence ; Alors, la femme s’est fachée. Elle a envoyé le dragon sur moi. J’ai dévalé la colline à toute vitesse et j’ai réussi à me dissimuler sous une souche. Il a tourné plusieurs fois autour de la clairière. La femme hurlait qu’il devait me retrouver puis elle a laissé tomber et lui a dit de partir.

Quand j’ai osé bouger, la clairière était déserte. J’ai attendu encore deux heures sans sortir de ma cachette puis j’ai rampé dehors. Je ne voulais qu’une chose s’est rentrer chez moi. Mais je suis monté jusqu’à la grotte. Là, j’ai vu au sol la marque de la déesse des plaisirs, celle que vous nommez Ninhoursha et ses fleurs et j’ai compris qu’il s’agissait bien d’elle puis je suis parti, je suis rentré chez moi et j’ai dormi toute la journée.

Je ne savais pas quoi dire, Sérénit n’avait jamais été totalement sain d’esprit mais là, il avait franchi un grand pas vers la folie. Faudrait faire quelque chose. Je décidai de ne pas le contrarier sur le moment. Trop risqué. Bien lui dis-je, je rajouterai ça au dossier.

Vous ne me croyez pas ?

J’essayez de lui dire que si mais je m’étranglais et préférais ne pas répondre.

Vous savez si peu de chose avec votre petit esprit restreint bloqué par deux œillères cria-t-il en tapant du poing contre la table. Je pourrais vous forcer à me croire. Je pourrais vous forcer à faire tout ce que je veux.

Il hésita et se leva en faisant un ample geste. Sortez Syliss.

Je regrettai de n’avoir pas réussi à mentir avec conviction. J’aurai voulu me rattraper mais c’était trop tard. Je partis à reculons, m’inclinai encore à la porte et la franchis.


Aucun commentaire: