dimanche 25 novembre 2007

Chapitre 11

Je rentrais tard chez moi. Je ne saurais dire pourquoi, je m’étais senti obligé de vérifier les élucubrations de Sérénit aussi j’avais fait venir Millie. J’avais confiance en cette fille et je ne voulais pas ébruité la folie de Sérénit. Elle serait discrète. Elle me suivit sans poser de question ce pour quoi je lui suis redevable, je n’aurais su quoi lui dire. Elle m’accompagna jusqu’à la clairière où nous fumes accueilli par un membre de mon équipe.

La clairière avait été délimitée afin d’empêcher les curieux de venir. Je plissai les yeux sous le soleil et tentai de regarder le site suivant les dires de Sérénit ; Au sujet de ses descriptions, ca correspondait. Il avait du au moins préparer son discours en venant ici.

Millie, tu avais dit que le dragon s’était couché.

Oui, devant la grotte.

D’accord.

La souche d’arbre, je la repérai facilement, il n’y en avait qu’une et le reste du terrain avait été désherbé pour les cultures. Je m’en approchai. Il y avait bien un espace dessous. La terre avait été tassée, je me glissais à l’intérieur et me griffai. Je tatai l’écorce et dit à Millie de m’apporter de la lumière. Elle s’exécuta et à force d’inspection, je réussis à retirer un minuscule morceau d’étoffe pris dans le bois. Je le tendis à Millie. Pour analyse. Elle le plaça délicatement dans un tube à essai sans poser de question puis, pris d’une impulsion, elle demanda voulez-vous que je fasse les analyses moi-même ?

La question me surprit pourquoi lui demandai-je.

Elle haussa les épaules. Vous me demandez de venir, vous ne prévenez personne et ne dites rien de ce que vous cherchez. Je me dis que peut-être les résultats de ses analyses ne doivent pas être divulgués.

Elle était vraiment bien cette petite. J’hésitai encore mais il fallait bien que je fasse confiance en quelqu’un. Faite ca discrètement. Et tant que vous y êtes renseignez vous tout aussi discrètement afin de savoir si personne n’aurait aperçut le légat Sérénité la nuit où le dragon est passé.

Une étincelle éclaira son regard mais le professionnalisme prit le dessus. Elle avait décidé que cette mission était sa chance pour réussir à faire autre chose qu’observer des lézards se dorant sur une plage et elle s’aquiterait de sa tache au mieux. Aussi elle se contenta de dire oui Chef. Sans me poser la moindre question.

Je rentrais à la nuit tombée pour entendre ma femme me parler de choses totalement incompréhensibles. Une histoire selon laquelle quelqu’un du bureau serait venu à mon domicile dans l’après-midi pour qu’elle me transfère la tenue d’une réunion pour le lendemain mais qu’elle ne devait pas m’appeler pour en parler car le réseau n’était pas sûr et que personne ne devait savoir. Elle même ne savait rien de plus, ni le but ni l’origine de cette réunion. Je maudis donc les responsables de cette farce qui auraient dû en premier m’avertir plutot que d’organiser n’importe quoi derrière mon dos. Je devinais dès le lendemain matin la raison de cette réunion dans une rumeur qui me parvint assez vite comme quoi certains voudrait couper tout contact avec les territoires du sud. J’attrapai au passage les rapports de Millie, y jetai un rapide coup d’œil et entrais donc dans la salle de réunion certain qu’il s’agissait encore de quelques frasques de Sérénit sans conséquences mais je me devais d’être présent, surtout pour réprimander les auteurs de cette mascarade. Je saluai deux personnes qui étaient déjà présentes et discutais à voix basse. Et scrutai les détails de la pièce. Voyons, si j’étais Sérénit. Jeune Bon à rien mystique mais toujours au courant de tout et si j’avais eu vent d’une réunion secrète auquel je n’étais pas conviés, où aurais-je placé les mouchards. Il ne me vint pas à l’esprit qu’il pourrait ignorer cette petite sauterie et encore moins qu’il respecte cette intimité. Je trouvai le micro assez vite à l’intérieur d’une hampe d’orchidée. Meurtrir les plantes pour y insérer des mouchards était tout à fait son genre. J’ôtai le micro et le brisai discrètement sous mon talon cherchant négligemment un autre sans conviction. En mettre plusieurs était moins discret et le seul fait d’en avoir trouvé un aurait suffi à changer de salle et a faire fouiller celle-là de fond en comble. Ce n’est pas ce que je commandai. Pour ma part, je trouvai cette stratégie de bonne guerre. Je ne m’attendais cependant pas à voir entrer la présidente elle-même, pourtant c’est ce qui arriva. Tout le monde se leva à l’entrée de la Syhy Mayana Veyasityl.

La présidente passa très digne au milieu de nous et je me décalai pour lui laisser la place. Pourtant, ce n’est pas elle qui prit la parole. Joluy se leva et réclama le silence.

Je compris que c’était lui l’investigateur de cette réunion. Comme je l’avais deviné, il proposait de couper les accords avec les territoires du sud ou tout au moins de renvoyer Sérénit chez lui. Ses motifs, non seulement Sérénit n’avait pas lever ne fut ce que le petit doigt pour chercher à améliorer les rapports entre nos deux peuples mais en plus ses comportements n’avaient comme seul but l’espionnage.

Je laissais les différents partis se chamailler entre eux. Pour la première fois, j’assistai à une réunion en restant totalement passif. J’aurai été incapable de prendre part ni d’un coté, ni de l’autre.

Quand on proposa un vote pour décider du sort de Sérénit, je me décidai à intervenir.

Non, on ne touche pas à Sérénit. Nous avons suffisemment de problèmes ainsi sans rajouter un scandale diplomatique avec les territoires du sud.

Kiola intervint. Il ne s’agirait pas de couper entièrement les ponts avec eux, leur gouvernement pourrait nous envoyer quelqu’un d’autre pour le remplacer.

Non, ils risquent d’être très vexé si on renvoie Sérénit et ce n’est pas le moment de les vexer.

Mais Sérénit est complètement cinglé. Reprit Kiola.

Ca suffit. La voix de la présidente coupa court à la discussion. Kiola, c’est toujours du légat dont nous parlons, veuillez parler de lui avec un autre langage.

Quelqu’un voulut répliquer mais la présidente intimma le silence. Je réfléchirais à la situation mais une décision hative me paraît mal venue aussi, je suggère qu’on ajourne la séance.

Une suggestion de la présidente, c’est un ordre déquisé. L’assemblée se leva, salua puis sortit par petit groupe. Je n’aurait pas été le dernier à partir si la présidente ne m’avait pas fait un signe discret. Je rassemblais mes affaires avec soin pour être plus lent et la présidente me présenta un fauteuil quand la salle se fut vidée.

Syliss, je voudrais votre avis.

Mon avis sur quoi ? Syhy présidente

Votre avis sur cette affaire, sur le légat du sud. Vous n’avez pas ouvert la bouche

Je me décidai pour la franchise. Si je n’ai pas ouvert a bouche c’est que je n’ai pas d’avis sur la question. Tout ce que je peux dire c’est qu’il ne faut pas agir à la légère. Sérénit fait partie de la haute noblesse du sud et le renvoyer comme un vulgaire ouvrier qui ne ferait pas l’affaire peut être très mal pris.

La présidente hocha la tête. Vous l’avez pas mal côtoyé m’a-t-on dit et il paraît vous tenir en grande estime.

Je ne pus retenir un sourire. Le légat n’a jamais estimé autre chose que lui-même. C’est peut-être d’ailleurs là une partie du problème.

Une partie ? Et le reste du problème, ou serait-il ? Que pouvez-vous me dire des allégations concernant de potentiels troubles mentaux.

Je marquai une pause afin de peser mes mots autant qu’elle avait pesé les siens.

Je dois admettre que certaines affirmations de Sérénit, en particulier durant les derniers mois, m’ont laissé à penser qu’en effet, il n’avait pas toute sa tête. Cela dit, outre certaines tendances mystiques et un plaisir à la fabulation, je ne crois pas que sa raison, soit altérée. Il a eut, il est vrai avec moi une discussion pas plus tard qu’hier qui m’a fait sérieusement douté de sa raison pourtant, après vérification, il se trouve, qu’au moins une partie de ses dires ont pu être confirmées.

Sérénit était dans la clairière la soirée où le dragon s’est posé ?

Vous le saviez ?

Non, mais ça ne m’étonne pas. Vous aurez sans doute remarqué que Sérénit est toujours là où il se passe quelque chose.

Son discours à ce sujet est resté plutôt nébuleux, je l’admets mais des témoins l’ont aperçu rentrant chez lui tard dans la nuit, les vêtements déchirés et la démarche mal assurée, j’ai retrouvé aussi des fibres textiles provenant assurément du sud.

Et n’aurait-il pas pu la mettre après ?

Le site est surveillé. Cela dit, je n’exclue pas cette possibilité.

Je me décidai à raconter en détail à la présidente le discours que m’avait tenu Sérénit. Elle serait libre d’en tirer les conclusions qu’elle voudrait. Je finis en lui montrant le petit espion et ne lui cachait pas que ce n’était pas le premier que je trouvai de la sorte.

La présidente soupira. Croyez-vous que le légat peut nous aider dans l’affaire des enlèvements ?

Sérieusement, non. Il n’en sait pas plus que nous.

Elle me regarda droit dans les yeux ; Ecoutez moi bien Syliss et retenez bien ce que je vais vous dire.

Premièrement, je ne crois pas que Sérénit soit fou, je crois même qu’il n’a jamais été plus sain d’esprit que lorsqu’il vous a fait part de cette aventure.

Deuxièmement, et ça, je ne veux pas que ca sorte de ce bureau mais je suis convaincue et cela, en m’appuyant sur des simulations sures que si une guerre éclatait entre les territoires du sud et nous, c’est eux qui gagneraient.

Je me permets de ne pas être aussi catégorique. Leur technologie est limitée.

La présidente me coupa aussitôt. Ne sous estimez jamais Sérénit. Contrairement à ce qu'il parait, il n'agit jamais pour lui mais uniquement suivant les ordres des supérieurs de son pays. Ces petites histoires de mouchards sont bien ce qui me fait le moins peur chez lui. Il cherche la provocation. Il nous pousse à bout. Il cherche l’affrontement mais il est bien conscient qu’il est en position de force.

Imaginons, de toute façon ; j’ai bien l’intention a ne pas laisser la situation s’envenimer avec le Sud. Auriez vous certains conseils à me suggérer ?

J’ignore ce que manigance Sérénit mais, comme je vous le disais, il est toujours là où il se passe quelque chose.

Vous suggérez que je le fasse surveiller ?

Non, il le remarquerait.

Je peux trouver des hommes discrets.

J’ai dit non. Par contre, étudiez tous les lieus où il a pu se trouver ces derniers temps en dehors de ses obligations officielles.

Bien, ce sera fait.

Et au sujet du dragon ?

Nous avons perdu sa trace au dessus de l’océan.

Un animal de cette taille ne peut voler jusqu’au continent.

Il est bien arrivé jusqu’ici.

La présidente marqua une pause. Toute la journée avait été consacrée a répertorier les dégâts causés par l’animal. Personne n’avait encore osé exprimé à voix haute le cœur du problème : Comment cet animal avait-il pu arriver ici ?

Vous avez répertorié tous les bateaux de grandes tailles ?

Suffisamment grand pour contenir un dragon ! Ca n’existe pas, encore moins un avion et dans tous les cas, ce serait supposer que quelqu’un aurait pu enfermer un tel animal.

Vérifier quand même Syliss.

Bien présidente

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